Pascal Quignard – Les désarçonnés
Editions Gallimard Collection Folio n° 5745
Prix : 7,40 € – ISBN : 978-2-07-0141135-3 –  Parution : 10 avril 2014 – 352 pages
www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Folio

«Tout mythe explique une situation actuelle par le renversement d’une situation antérieure. Tout à coup quelque chose désarçonne l’âme dans le corps. Tout à coup un amour renverse le cours de notre vie. Tout à coup une mort imprévue fait basculer l’ordre du monde et surtout celui du passé car le temps est continûment neuf. Le temps est de plus en plus neuf. Il afflue sans cesse directement de l’origine. Il fait retraverser la détresse originaire autant de fois qu’on veut revivre.»

Pascal Quignard - Les désarçonnés

Dans le septième volet de la série Dernier Royaume, Pascal Quignard continue d’explorer le mystère du sexe et de la mort, à travers la figure de l’homme tombé de cheval. Magnifique…
A travers ces digressions intenses et épurées sur la mort, le sexe ou la création, Pascal Quignard n’en oublie pas pour autant d’être ouvertement politique (tous les passages sur la guerre en sont la preuve la plus explicite) et jamais son art du collage n’a été à ce point virtuose et impressionnant. Mais, au fond, s’il est quelque chose qu’il tente de saisir dans ses songes, c’est surtout le temps, insaisissable, « cette étrange instance où le néant appelle le vivant ». Et inversement. (Baptiste Liger – Lire, août 2012 )

De quoi se défait-on lorsqu’ainsi semble vous être donnée la chance d’une «re-naissance», s’interroge l’auteur de Vie secrète ? C’est l’une des réflexions qui courent dans Les Désarçonnés, livre mélancolique mais aussi politique, parsemé d’empreintes de Michel Foucault, bien plus ancré dans l’Histoire qu’il n’y paraît. Déambulation poétique autant que séditieuse, qui interroge longuement l’homme, ce qui en lui demeure d’archaïque ou d’animal, mais aussi, et crûment, les civilisations qu’il a bâties, le déploiement de force, la cruauté sans limites, l’appétit de pouvoir, la guerre comme «la fête humaine par excellence»…
Savant, philosophe, Pascal Quignard ? «Que celui qui me lit ait constamment à l’esprit que la vérité ne m’éclaire pas et que l’appétit de dire ou celui de penser ne lui sont peut-être jamais tout à fait soumis», prévenait-il naguère. L’avertissement vaut pour Dernier Royaume et ces Désarçonnés, où l’on ne saurait dire ce qui, de page en page, relève de l’invention, de l’érudition ou du fantasme méditatif. (Nathalie Crom – Télérama du 12 septembre 2012 )