Hilary Mantel – Le conseiller (1-Dans l’ombre des Tudors)
traduit de l’anglais par Fabrice Pointeau
Editions Pocket
Editions Flammarion Prix : 9,80 € – ISBN : 978-2-266-24036-9 – Parution : 7 mai 2014 – 957 pages
Angleterre, 1520. Règne des Tudors. Le roi Henri VIII n’a pas de fils pour lui succéder. Situation préoccupante qui pourrait entraîner le pays sur le chemin de la guerre civile. Aussi décide-t-il de divorcer de Catherine d’Aragon, avec qui il est marié depuis plus de vingt ans pour épouser Anne Boleyn, dont il est tombé amoureux. Son conseiller, le cardinal Wolsey échouant à obtenir l’accord du pape, un jeune homme plein de fougue et de ressources va peu à peu entrer dans les bonnes grâces du roi et l’aider à vaincre l’opposition. Son nom : Thomas Cromwell. Ambitieux, idéaliste et opportuniste à la fois, fin politicien et manipulateur né, celui-ci est au début d’une carrière qui va modifier profondément et durablement le visage du royaume.
a saga de Hilary Mantel est d’une noble étoffe, légère et solide, admirablement servie par la traduction de Fabrice Pointeau et le soin de l’éditeur. Les péripéties évoquent le feuilleton, mais le texte résonne autrement, ailleurs. C’est un songe, l’écho d’un murmure dans le corridor du temps. Quelque part dans le noir, des silhouettes sont arrêtées et mises en marche par une main d’écrivain très sûre. Les voilà qui s’agitent dans un rond de lumière…
Les événements sont à échelle humaine, le théâtre des opérations (surtout des trahisons, des disgrâces) est resserré (la taverne, le gibet, le foyer, la chambre), et on ne dépasse pas la perception de Thomas Cromwell, héros de la trilogie. Sans être un monologue intérieur, il s’agit d’une vision à sens unique, portée par un «il» dont le lecteur sait toujours qui il désigne. (Claire Devarrieux – Libération du 9 mai 2013)
Voici le premier tome de la trilogie consacrée à Thomas Cromwell, qui va façonner le règne des Tudors…
On ne chôme pas sous le règne d’Henri VIII. Toute disgrâce vaut la mort, pour les épouses, maîtresses, ministres et autres. La splendide culture de la Renaissance se déploie – chez les Tudors comme chez les Borgia – sur un fond d’extrême violence et d’ordinaire brutalité. Il y a là de quoi servir l’art de la romancière qui sait aller au fait, soutenir le rythme, sans se perdre en digressions…
Le lecteur français découvre un pan mal connu, chez nous, de l’histoire d’Angleterre – surtout à ce moment où la Couronne se forge une théologie économico-politique originale dont nous savons les conséquences. Certes Henri VIII, Wolsey, More, Thomas Cromwell et les autres ignoraient ce qui adviendrait. Hilary Mantel ne l’ignore évidemment pas. C’est le charme et l’ambiguïté du roman historique. (Jean-Maurice de Montremy – Le Journal du Dimanche du 26 mai 2013)
Un best-seller ? Soit. Mais le roman, superbement écrit, n’a rien d’une grosse machine insipide faite pour sauter, dès la mise en rayon, en tête des meilleures ventes. Du fait de son ambition et de son exigence, d’abord…
l est vrai que la romancière a su dépoussiérer, en narrant l’ascension de Cromwell aux côtés de son mentor, le cardinal Wolsey, un genre qui semblait dormir depuis les époques qu’il raconte : les dialogues, ici, n’ont pas cette odeur de naphtaline, et on ne trouvera aucune de ces descriptions interminables qui ont à tout jamais dégoûté plus d’un ado de la lecture. C’est surtout, au-delà de l’intrigue politico-diplomatique, son pays qu’elle met magistralement en scène, dans le plus subtil tableau qui soit. (Didier Jacob – Le Nouvel Observateur du 30 mai 2013)
Historique, la saga de Hilary Mantel l’est d’autant plus que l’auteure est devenue la seule femme a remporter deux fois le Booker Prize, Goncourt du Commonwealth…
« Dans l’ombre des Tudors » permettra de découvrir une écrivaine d’une puissance rare, menant d’une main de maître l’ascension de Thomas Cromwell, fils d’un forgeron alcoolique, qui, pour se forger un destin, part guerroyer en Italie, s’initie à la finance dans une banque florentine, revient en Angleterre en tant qu’avocat, survit à la disgrâce de son mentor, le cardinal Wolsey, et devient l’éminence grise du roi…Au spectaculaire, Hilary Mantel préfère l’intime et les dialogues, offrant une méditation sur le pouvoir, la religion et le destin des peuples, qui se joue moins sur les champs de bataille que dans l’intimité des cabinets. (Thomas Mahler – Le Point du 16 mai 2013)