Ismet Prcic – California dream
traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Karine Reignier-Guerre
Editions 10-18
Prix : 8,80 € – ISBN : 978-2-264-05821-8 – Parution : 22 mai 2014 -478 pages
A 18 ans, entre deux alertes à la bombe, Ismet a trouvé un moyen de fuir la guerre : le théâtre. Et, quand sa troupe est invitée en Écosse, il réussit à quitter le pays. Destination finale : la Californie. Là-bas, Ismet devient Izzy, tout en restant hanté par ceux qu’il a laissés. Il se met alors à écrire, à tout écrire : de ses jeux d’enfant obsédé par les ninjas au cheddar offert à son arrivée sur le sol américain, de la visite médicale où il croise un certain Mustafa au destin qu’il imagine à ce jeune homme resté en Bosnie, envoyé au front et blessé…Déchiré entre sa face A(méricaine) et sa face B(osniaque), Ismet porte un roman aussi beau que bouleversant sur une jeunesse en temps de guerre et la douleur de l’exil.
C’est l’histoire d’un homme qui ne sait pas s’il est mort ou vivant. Ni s’il s’appelle Ismet ou Mustafa. Ni s’il est de Tuzla ou de Los Angeles. Un homme fou de théâtre et d’écriture, obsédé par l’impression d’avoir «deux cerveaux, deux conceptions du monde, deux regards sur tout. Une face A(méricaine) et une face B(osniaque)». Ce doute le rend fantasque, excessivement imaginatif, aux aguets nuit et jour. La mélancolie, la nostalgie, le vague à l’âme ? Connaît pas. La vérité se niche dans le mouvement, elle se saisit au vol, à l’arraché. Il faut courir, à bout de souffle, comme un chien fou, pour savoir qui l’on est. Telle est la certitude d’Ismet Prcic, qui signe un premier roman aussi haletant que tonitruant, d’inspiration fortement autobiographique. (Marine Landrot – Télérama du 23 janvier 2013)
Réfugié aux Etats-Unis, Ismet Prcic reste hanté par ce qu’il a vécu en ex-Yougoslavie. Ecrire lui évite la folie…
‘il est tenté par une fuite supplémentaire, le narrateur, refusant de s’apitoyer sur ses blessures, choisit finalement de recoller les morceaux de son identité en entreprenant une autre odyssée, celle de l’écriture, suivant ainsi les conseils du docteur Cyrus : » Nous sommes tous les héros de ce tissu de conneries (…). Arrêtez de vous prendre la tête avec ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas : vous allez devenir dingue. Contentez-vous d’écrire mais écrivez tout. » La thérapie engendre ce roman autobiographique foisonnant qui frappe autant par sa puissance imaginative que par son réalisme…
Il signe là un roman impressionnant. Sa façon de déstructurer la langue, la logique et la chronologie peuvent désarçonner. Mais comment pourrait-on écrire autrement sur l’horreur, si l’on pense avec le narrateur que, pour ceux qui ont connu la guerre, » le chaos est une forme de normalité. Et la normalité – la vraie – se révèle éphémère et artificielle « . (Stéphanie Dupays – Le Monde du 24 janvier 2013)