Frederika Amalia Finkelstein – L’oubli
Editions Galliamard – Collection l’Arpenteur
Prix : 16,90 € – ISBN : 978-070-14650-5 – Parution : 28 août 2014 – 176 pages

Gallimard vient récemment de publier un ouvrage remarquable de Frédérika Amalia Finkelstein. Cette œuvre intitulée l’Oubli est le premier roman de cette jeune auteure. Force est d’admettre qu’il s’agit là d’un coup de maître. Revisitant le devoir de mémoire de nos générations nées après la seconde guerre mondiale, l’auteur réclame a contrario l’Oubli. Un oubli salvateur, balayant le poids de la Shoah qui asphyxie et paralyse la vie des héritiers de ces vies mutilées par la guerre.

Alma n’a pas connu la guerre. Se nourrissant de Daft Punk et de Coca-Cola, elle mène une quête philosophique et existentielle à travers Paris en butte aux réminiscences relatives à la vie de son grand-père, rescapé des camps de la mort.

N’hésitant pas à prendre des postures peu conventionnelles, l’auteure prend acte des événements qui ont présidés à la fin de la guerre mais elle jette un regard différent sur la victoire alliée. En dressant un tableau à contresens de la vérité établie, en insistant sur la liberté que s’est donné Hitler en se suicidant et en privant les alliés d’une victoire totale, le monde libre n’a pas eu d’autre choix que de réécrire l’histoire et jeter ainsi les bases d’un monde virtuel.

Il y a la vérité, assise sur les chiffres qui rassurent les individus. Mais à côté de ces « certitudes », on détecte des courts-circuits qui, contre toute attente, chamboulent l’ordre à établi ou à établir. Naviguant et jouant avec ces notions, Alma se résout à se noyer dans un monde virtuel des jeux vidéo où l’on ne pense pas. Un monde fait d’oubli qui échappe à l’étreinte d’un héritage qui étouffe peu à peu la vie de fils, fille, petit-fils et petite-fille de rescapés des camps. L’exemple le plus frappant serait cette simple bise, voire indifférente à la petite-fille d’Adolphe Eichmann ! Ne pas être enseveli par les traces de l’histoire. Les observer et les regarder disparaître. Ce roman, qui se lit d’une traite et les questions qu’il pose, nous poursuit au-delà de sa lecture. N’est-ce pas là, la marque d’un grand auteur !

Laurent Schteiner