A l’occasion de la sortie de son dernier roman Mirage paru aux Editions Belfond, découvrez l’interview passionnante de Douglas Kennedy. Redécouvrez également aux Editions Omnibus, la réédition de ses premières œuvres en un seul tome.
« Mirage » de Douglas KENNEDY
Traduction Bernard Cohen
EDITIONS BELFOND
Prix : 22,50 € – ISBN : 978-2714446374 – Parution : 978-2258117228 – 550 pages
« Des hommes ordinaires » de Douglas KENNEDY
Editions OMNIBUS
Prix : 28 € – ISBN : 978-2-226-31476-5 – Parution : 978-2258117228 – 1.248 pages
Nous avons retiré la photographie de Douglas Kennedy à la demande de M. Gunter Glueckich intervenue 2 ans après sa publication ! Cette photo libre d’accès sur le web n’était pas protégée. Ce pendant, nous avons décidé de la retirer.
Lecturama – Dans l’ensemble de vos romans, il y a une notion essentielle qui domine : l’american way of life qui ne débouche pas sur le bonheur. Pensez-vous qu’il est nécessaire de se réinventer en permanence pour conserver ce bonheur ?
Douglas Kennedy – Ca aide ! (rires) L’idée de se réinventer est une constante de la vie américaine. C’est un des aspects du rêves américain. Pour en revenir à mon ouvrage, Mirage, mon personnage principale Robyn, le mariage semble ressembler à un mirage. Un titre qui illustre également d’autres mirages présents dans le livre, celui du désert, ceux de Robyn. Elle a 40 ans, expert-comptable de profession. Elle a plein de rêves en tête, comme celui de tomber amoureuse et connaitre les joies de la maternité.
L – Cette histoire m’a rappelé le film l’homme qui en savait trop avec James Steward et dont l’action se situe au Maroc. Vous décrivez une scène où Robyn aperçoit de l’autre côté de la rue Paul, son mari disparu. Elle l’appelle, il ne l’entend pas. Elle décide alors de traverser. Elle manque de se faire renverser. Elle se fait agonir d’injures par un automobiliste furieux forcé de piler devant elle. Lorsqu’elle peut enfin se ressaisir, elle constate que son mari a disparu…
D.K. – C’est vrai. On peut également penser au film un thé au Sahara de Bertolucci.
L – N’est-ce pas là une vision pessimiste d’envisager l’amour comme un mirage ?
D.K. – Fréquemment, c’est un mirage. Le mariage change toujours les gens !
L- Comment est né ce roman ?
D.K. – Je voyageais dans le désert en compagnie de ma femme. Au loin, nous avons vu une silhouette se découper et se diriger vers nous. C’était une petit fille de 8-9 ans. Je lui ai demandé si elle parlait français. Elle m’a répondu par l’affirmative. Je lui ai ensuite demandé ou elle habitait. Elle m’a désigné du doigt un endroit où je ne distinguais rien hormis l’horizon. Puis au fur et à mesure, j’ai réussi à distinguer une oasis. Ce mirage fut pour moi le point de départ de mon roman. Mais le plus grand des mirages : c’est soi-même ! (rires)
L – Vous avez voyagé dan splus d’une cinquantaine de pays. Ceux-ci vous ont-ils inspirés pour dresser le cadre de vos romans comme ici à Essaouira au Maroc ?
D.K. – Je suis allé une douzaine de fois dans ce pays. J’essaye de décrire de façon la plus honnête possible l’atmosphère de cette ville. Mais la règle en matière d’écriture est de mélanger cette atmosphère aux personnages. Ces personnages que je crée au gré de l’écriture comme Ben Haram qui me rappelle un acteur britannique Sidney Greenstreet. Ce type de personnage dont on ne sait s’il est bon ou mauvais.
L – Peut-on facilement écrire pour un homme ou pour une femme ?
D.K – J’ai écris pour les 2 dans l’ensemble de mes romans. Je suis très à l’aise avec ça. Je pense comme un narrateur ou une narratrice. Je perçois le monde à travers leurs yeux.
L – Comment travaillez-vous ?
D.K. – J’écris un jet puis il y a plusieurs de jets. Ensuite je travaille avec 3 éditrices à Paris, Londres et New York. Grâce àleurs conseils, je retravaille ou pas en espérant arriver à un style raffiné.
L – faites vous un plan ?
D.K. Jamais. Il y a un problème central et 2 ou 3 personnages. Je ne connais pas la fin à l’exception de « 5 jours » où le personnage principal entrevoit qu’il va rater le bonheur. Mais je suis quelqu’un de discipliné. Pour Mirage, j’ai écrit 620 pages. J’ai coupé près de 200 pages. Il est nécessaire de faire ainsi car cela fait partie du processus. Je connais pour chaque roman une crise personnelle de doute. Une catastrophe ! (rires) mais cela dit, écrire est une question de confiance car on est seul et on doit continuer coûte que coûte. A la toute fin, il faut rester prudent car il faut se garder de finir trop rapidement.
L- Combien de temps passez-vous par jour sur un roman ?
D.K. j’écris 500 mots ou 2 pages. C’est la recette de Graham Green que j’applique.
L – Comme se font les arbitrages avec les correcteurs ?
D.K.- Des propositions sont faites que j’étudie à leur juste valeur. Mais il n’en demeure pas moins que c’est mon roman et mon choix. Au-delà du « verdict » des éditrices, le plus important demeure celui du public !