Marisha Pessl – Intérieur nuit
Editions Gallimard
Prix : 24,90 € – ISBN : 978-2070144761 – Parution : 20 aout 2015 – 720 pages
« L’effroi est une chose aussi essentielle à notre vie que l’amour. Il plonge au plus profond de notre être et nous révèle ce que nous sommes ». Ainsi s’ouvre le dernier roman de Marisha Pessl. Des mots sombres et suffocants. Une atmosphère pesante. Un voile de mystère. Et en quelques phrases, nous sommes ferrés. Car dès le prologue on nous inclut dans l’histoire, on nous prend à partie : « Que cela nous plaise ou non, nous avons tous une histoire avec Cordova. ».
Par une froide nuit d’octobre, la jeune Ashley Cordova est retrouvée morte dans un entrepôt abandonné de Chinatown. Même si l’enquête conclut à un suicide, le journaliste d’investigation Scott Mc Grath ne voit pas les choses du même oeil. Alors qu’il enquête sur les étranges circonstances qui entourent le décès, Mc Grath se retrouve confronté à l’héritage du père de la jeune femme : le légendaire réalisateur de films d’horreur Stanislas Cordova – qui n’est pas apparu en public depuis trente ans. Même si l’on a beaucoup commenté l’oeuvre angoissante et hypnotique de Cordova, on en sait très peu sur l’homme lui-même. La dernière fois qu’il avait failli démasquer le réalisateur, Mc Grath y avait laissé son mariage et sa carrière. Cette fois, en cherchant à découvrir la vérité sur la vie et la mort d’Ashley, il risque de perdre bien plus encore. Jouant avec les codes du thriller, incluant dans son récit des documents, photographies, coupures de journaux ou pages web, Pessl nous entraîne dans une enquête vertigineuse autour de Stanislas Cordova et de sa fille, deux êtres insaisissables attirés par l’horreur et le mal. L’inventivité de l’auteure et son goût indéniable pour les pouvoirs de la fiction font penser tour à tour à Paul Auster, Georges Perec, ou Jorge Luis Borges. Avec son style maîtrisé et ses dialogues incisifs, ce roman, sous l’apparence classique d’un récit à suspense, explore la part d’ombre et d’étrangeté tapie au coeur de l’humain.