Imbolo Mbue vient de publier chez Belfond, Voici venir les rêveurs, un très beau roman sur le rêve américain vu par les Africains. Cet ouvrage nous relate avec finesse et sensibilité tous les sentiments qui animent ces immigrants qui se prennent à rêver et à espérer une vie meilleure dans ce mythique eldorado.
Voici venir les rêveurs d’Imbolo Mbue
Editions Belfond
Prix : 22 € – ISBN : 978-2714470997 – Parution : 18 aout 2016 – 300 pages
© Kiriko Sano
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Extraits de notre interview
Comment avez-vous l’idée d’écrire ce roman ?
En 2011, je me promenais dans Manhattan et j’ai remarqué ce chauffeur noir qui attendait un cadre sortir d’un immeuble. Cela m’a intrigué, notamment leurs relations, entre cet africain immigré et et ce cadre. Deux mondes différents. Je venais de perdre mon travail et je me demandais comment la récession pourrait affecter leurs vies.
Quelle est la part autobiographique ?
Il n’y en a pas. Je viens du Cameroun, de Limbé tout comme mes personnages. J’ai immigré à Manhattan, à Harlem. Je sais que que c’est la pauvreté. Je me suis tourné vers mon expérience et ce que représentaient les Etats-Unis.
Que représente le rêve américain pour les africains ?
C’est comme pour tout le monde. Venir là-bas, espérer une vie meilleure et travailler dur, avoir une maison, une éducation et une bonne retraite. Quelque chose de difficile à avoir dans nos pays. Le rêve américain est individuel et je voulais confronter le prix à payer. Chaque rêve a un prix, non ? J’ai pu constater comment les gens se sacrifiaent pour y arriver.
Quelle est l’idée principale de ce roman que vous vouliez exprimer ?
Le prix à payer pour ses rêves. Vous finissez par devenir quelqu’un d’autre. Et les gens font des choses folles pour y arriver.
A l’exception de votre personnage, Jende ?
Oui Jende est intègre et a ses propres valeurs. La hiérarchie des classes est importante pour lui. Il ne se pose pas de question. Il est pauvre et ils sont riches. Neni, sa femme, voit les choses différemment et ressent fortement cette lutte des classes. C’est ce qui m’ intéressé à explorer.
L’appel du rêve américain peut changer les mentalités des immigrants comme Jende et Neni ?
Quand vous venez d’Afrique centrale, vous faites tout ce que vous pouvez pour réussir et aussi pour vois enfants. Neni croit à son rêve américain. Elle n’aurait pas pu devenir pharmacienne dans son pays. Et sa réaction vis à vis de son fils fait partie des choix que certaines familles ont du faire.
Je suis étonné car les africains sont très proches de leurs enfants.
Oui bien sur mais l’un n’empêche pas l’autre. Ma mère m’aime et elle a voulu qu’à 16 ans je quitte Limbé pour New York et j’en étais très heureuse. L’idée est de donner une meilleure vie à ses enfants.
Peut-on dire que la morale de ce roman est qu’on imagine que le vie est toujours plus belle ailleurs ?
Je ne suis pas sûre. Il faut rêver. On doit toujours en vouloir davantage.
Synopsys
Un des romans les plus attendus de la rentrée littéraire étrangère, LE livre qui a fait l’événement de la Foire de Francfort 2014. Américaine d’origine camerounaise, Imbolo Mbue puise dans son expérience pour raconter les destins croisés de deux familles que tout semble opposer ; un premier roman pétillant qui questionne avec une certaine jubilation l’illusion de l’American dream au profit de l’African dream.
Aux États-Unis et au Cameroun, en 2007.
Nous sommes à l’automne 2007 à New York et Jende Jonga, un immigrant illégal d’origine camerounaise, est en passe de réaliser son rêve : après avoir été plongeur et chauffeur de taxis, il vient de décrocher un emploi de chauffeur pour Clark Edwards, riche banquier à la Lehman Brothers. Pour Jende, tout est désormais possible : il va enfin pouvoir offrir à Neni, son amoureuse, les études de pharmacienne dont elle rêve. Et surtout, pour les Jonga, le Graal est en vue : obtenir leur carte verte et devenir enfin des Américains.
Mais rien n’est simple au pays de l’American Dream. Entre Jende, loyal, discret, compétent, et son patron Clark, noyé dans le travail et les difficultés de la banque se noue une vraie complicité. Les deux familles se rapprochent, mais si les Jonga sont soudés malgré l’épée de Damoclès de l’expulsion, les Edwards sont en proie à de nombreux problèmes. Pour tous, l’interminable demande d’asile des Jonga et la menace d’éclatement de la bulle des subprimes vont remettre en question leurs certitudes…