Adélaïde Bon – La petite fille sur la banquise
Editions Grasset
Prix : 18,50 € – ISBN : 978-2246815891 – Parution : 14 mars 2018 – 256 pages
Les Editions Grasset ont récemment publié La petite fille sous la banquise d’Adélaïde Bon. Ce roman a une valeur particulière car il touche toute notre sensibilité à plus d’un titre. Adélaïde Bon décrit le traumatisme qu’elle a subi à l’âge de 9 ans. A cet âge candide, elle subit des attouchements sexuels par un pédophile récidiviste. Sa vie va basculer et ne sera plus jamais tout à fait la même. La langue d’Adélaïde Bon est une langue à fleur de peau, tourmentée, rapeuse et brûlante mais infiniment sensible. Elle expulse toute sa souffrance dans ce texte d’une beauté qui traduit ce parcours de souffrance. Un chemin de souffrance qui l’amène à envisager une vie apaisée, en isolant les démons qui l’habitent. Mais ce roman permet également de mette en exergue les manques de connaissances et de psychologie de notre appareil judiciaire qui n’aide guère à la résilience des enfants violentés. Commencé à la 3e personne du singulier, l’espoir nait au fil des pages tendant à une réconciliation avec elle-même.
« J’ai neuf ans. Un dimanche de mai, je rentre seule de la fête de l’école, un monsieur me suit. Un jour blanc.
Après, la confusion.
Année après année, avancer dans la nuit.
Quand on n’a pas les mots, on se tait, on s’enferme, on s’éteint, alors les mots, je les ai cherchés. Longtemps. Et de mots en mots, je me suis mise à écrire. Je suis partie du dimanche de mai et j’ai traversé mon passé, j’ai confronté les faits, et phrase après phrase, j’ai épuisé la violence à force de la nommer, de la délimiter, de la donner à voir et à comprendre.
Page après page, je suis revenue à la vie. »
Quand ses parents la trouvent en pleurs, mutique, Adélaïde ignore ce qui lui est arrivé. Ils l’emmènent au commissariat. Elle grandit sans rien laisser paraître, adolescente puis jeune femme enjouée. Des années de souffrance, de solitude, de combat.
Vingt ans après, elle reçoit un appel de la brigade des mineurs. Une enquêtrice a rouvert l’affaire dite de l’électricien, classée, et l’ADN désigne un cambrioleur bien connu des services de police. On lui attribue 72 victimes mineures de 1983 à 2003, plus les centaines de petites filles qui n’ont pas pu déposer plainte.
Au printemps 2016, au Palais de justice de Paris, au côté de 18 autres femmes, Adélaïde affronte le violeur en série qui a détruit sa vie.Avec une distance, une maturité et une finesse d’écriture saisissantes, Adélaïde Bon retrace un parcours terrifiant, et pourtant trop commun. Une lecture cruciale.