Viet Than NGUYEN – Jamais rien ne meurt
traduit de l’américain par Valérie Bourgeois
Edtions Belfond
Prix : 20 € – ISBN 978-2714478252 – Parution : 5 septembre 2019 – 410 pages

Dans cet essai, l’auteur nous prend à témoin sur les ravages de la guerre, une fois, celle-ci achevée. L’industrie du souvenir se met en place et bien souvent, la prime en revient à la nation qui dispose de plus de moyens de communication pour relayer ses souvenirs et plonger dans l’oubli certains détails peu reluisants. L’exemple le plus marquant concerne la guerre du Vietnam, appelée ainsi aux Etats-Unis et guerre américaine, nommée ainsi au Vietnam. Que les états Unis aient perdu cette guerre, il importe qu’ils aient gagné celle du souvenir dont les représentations culturelles (littérature ou encore cinématographiques) ont eu un impact planétaire.

Les gagnants de cette guerre, les communistes vietnamiens n’ont bénéficié que d’un écho local relatif. Viet Than Nguyen, à travers cet essai s’interroge sur une éthique qui prendrait en compte les victimes des deux camps. Cette démarche permettrait d’éviter aux politiques l’utilisation de ces souvenirs pour nourrir des visées hégémonistes reposant sur les oripeaux d’un conflit où les haines et rancœurs assises sur des souvenirs partisans. Ce vœu pieux semble toutefois difficile à atteindre compte tenu du matraquage constant de la société qui incite à revisiter les mêmes souvenirs en instituant un culte suscitant une unité patriotique. Cet essai constitue une belle réussite qui nous permet d’explorer les arcanes de la communication gouvernementale de nos pays.