Manuel Rodrigues de Oliveira – Sparte contre Athènes
Editions Passés composés
Prix : 23 € – ISBN : 979-1040401551 – Parution : 9 octobre 2024 – 364 pages

Cet ouvrage de Manuel Rodrigues de Oliveira fait état d’une belle érudition en mettant en perspective la rivalité entre Sparte et Athènes. L’histoire grecque est marquée par une confrontation entre ces deux puissances, deux modèles, deux visions : entre 510 et 354 avant J.-C., au fil de conflits à rebondissements, Athènes et Sparte s’infligent de rudes coups. L’auteur défait les clichés comme celui d’une oligarchie impérialiste et une démocratie progressiste. Mais il convient de faire preuve de davantage de recul. Ainsi, ce que Athènes suscite à l’intérieur ne se reflète pas vraiment dans sa politique extérieure ! Au sein de la ligue de Délos, constituée dès -477 pour faire face à la menace perse, la cité réunit des « alliés » qui, de fait, sont vite traités en sujets. Et pour cause : Athènes parvient à se faire déléguer un rôle de protection. Cela lui permet de pratiquer un impérialisme dur. Il est marqué par l’interdiction des membres de la ligue de rompre avec elle, une ingérence athénienne quasi-permanente, l’installation de colonies militaires, et, en cas de résistance, par des interventions violentes.

Parallèlement, le stéréotype de Sparte reposant sur sa puissance suppose une remise en cause d’une telle conception. Certes, au VIIIe siècle avant J.-C., quand la cité se constitue à partir de cinq villages, elle soumet la Laconie, qui est une partie du Péloponnèse. Mais, dans la période suivante, Sparte peine à élargir sa domination : elle atteint une sorte de plafond de puissance. Mais sa stratégie politique se réalisera davantage en tissant des relations qui lui assurent, certes, une forme d’hégémonie, mais dans laquelle une souplesse est ménagée. Chaque allié garde sa liberté, son autonomie et son système propre. Il n’y a donc pas de logique impérialiste, contrairement à ce que fait Athènes.

n recadrant certains mythes, l’auteur nous laisse entrevoir une autre vérité bien plus mesurée que ne le sont les clichés à l’emporte-pièce entendus en permanence.